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Sauvez la ville, ouvrez les rues!
Gideon Boie
12/2023, A+
Image: Ivan Put
Une étude alarmante sur la qualité de l’air aux abords des écoles fait l’effet d’une bombe auprès des parents des enfants de l’école primaire Maria Boodschap à Bruxelles. Tous les vendredis, des parents indignés – parmi lesquels l’architecte Annekatrien Verdickt – bloquent la rue pour pousser les autorités compétentes à passer à l’action. Le mouvement citoyen Filter Café Filtré est né. On est en 2018, année où Greta Thunberg lance également son Skolstrejk för klimatet. Ces actions sont à l’origine d’OpenStreets, une expérience unique dans laquelle les rues sont temporairement autogérées.
Oser bloquer une rue est un acte qui parle à l’imaginaire collectif. Les médias – tant la presse écrite que les journaux télévisés – se ruent sur les images des actions menées aux portes des écoles et font en sorte qu’elles se répandent comme une traînée de poudre dans les autres établissements primaires. Ces actions finiront par être menées dans pas moins de 173 écoles à Bruxelles et ailleurs. Le succès de la désobéissance civile est avant tout politique, la thématique étant rapidement intégrée à l’agenda politique. Et quand la pandémie du coronavirus éclate quelques années plus tard, le mouvement citoyen s’intensifie.
Lors du confinement, le besoin d’espace public est plus grand que jamais. L’idée des rues scolaires évolue vite vers les « rues d’été » – fermées au trafic routier, ouvertes aux piétons. Ici, il s’agit en l’occurrence de la rue Picard, juste devant la maison d’Annekatrien Verdickt. La patte de l’architecte est visible dans la mise en scène et la programmation. Des transats, des tables de travail et des plantes sont disposés dans la rue pour en faire un prolongement du séjour. Des ronds sont peints sur l’asphalte suivant un gabarit de 1,5 m. La pharmacie abandonnée est rebaptisée Barmacie.
La rue Picard jette les bases des OpenStreets lors du second été de la pandémie – c’est de l’urbanisme instantané. L’ambition réside dans l’échange culturel et dans un travail collectif sur le rêve. Des organisations artistiques telles que KANAL, le KVS, le Kaaitheater et Ultima Vez utilisent la rue comme scène. Cultureghem permet aux gens de goûter leurs spécialités culinaires respectives. Le centre de jour pour personnes avec un handicap mental déplace lui aussi ses activités à l’extérieur. Des ateliers axés sur l’imagination permettent aux participants de créer la rue ensemble.
OpenStreets est également un urbanisme particulièrement tactique. Tandis que les autorités locales ne manifestent absolument aucun intérêt à ouvrir la rue Picard, son statut de route régionale tombe à point nommé pour obtenir l’autorisation via le gouvernement régional. Plus tard, l’accord donné du bout des lèvres pour autoriser une ouverture temporaire des rues pendant à peine une ou deux semaines aboutira à un programme s’étalant sur plusieurs années, se propageant à de nouvelles rues. L’approche rhizomique offre l’avantage de faire chaque fois découvrir à d’autres habitants et organisations les effets bénéfiques de la rue ouverte.
La rue Picard jette les bases des OpenStreets lors du second été de la pandémie – c’est de l’urbanisme instantané. L’ambition réside dans l’échange culturel et dans un travail collectif sur le rêve. Des organisations artistiques telles que KANAL, le KVS, le Kaaitheater et Ultima Vez utilisent la rue comme scène. Cultureghem permet aux gens de goûter leurs spécialités culinaires respectives. Le centre de jour pour personnes avec un handicap mental déplace lui aussi ses activités à l’extérieur. Des ateliers axés sur l’imagination permettent aux participants de créer la rue ensemble.
OpenStreets est également un urbanisme particulièrement tactique. Tandis que les autorités locales ne manifestent absolument aucun intérêt à ouvrir la rue Picard, son statut de route régionale tombe à point nommé pour obtenir l’autorisation via le gouvernement régional. Plus tard, l’accord donné du bout des lèvres pour autoriser une ouverture temporaire des rues pendant à peine une ou deux semaines aboutira à un programme s’étalant sur plusieurs années, se propageant à de nouvelles rues. L’approche rhizomique offre l’avantage de faire chaque fois découvrir à d’autres habitants et organisations les effets bénéfiques de la rue ouverte.
Image: Ivan Put, Opzichterstraat/Rue de l’Intendant, Openstreets 2022. Publié dans le numéro thematique ‘Brussels Architecture Prize’: Gideon Boie, ‘Sauvez la ville, ouvrez les rues!’, A+ Architecture in Belgium, 305 (décembre 2023 – janvier 2024), 60-62.
Tags: Activism, Brussels, Français
Categories: Urban planning
Type: Article